Dans l’univers de Virginie Hucher

Tout commence par un premier dessin grandeur nature, que je réalise en extérieur. En tant que danseuse, je me sers de mon corps pour mesurer l’impact d’une forme sur un support vivant. Ce peut être sur du sable par exemple.

Virginie Hucher

Virginie Hucher est une artiste plasticienne qui évolue entre le dessin, la peinture, la photo et la céramique. Passionnée par la danse depuis toute petite, elle s’inspire des mouvements des corps et de leur rapport au monde, mais aussi de la nature où ses créations prennent la plupart du temps leur source. Transformé en “scène d’enquête”, son atelier regorge de photos, de calques et de coupures de presse, créant un univers dans lequel elle s’immerge pour imaginer sa prochaine réalisation. Puis débute alors un processus créatif à la fois profondément réfléchi mais aussi très instinctif, dont elle nous parle, entre autres choses, dans cette interview captivante.

FDA : Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous ?

Virginie Hucher : Je suis une artiste plasticienne. Originaire de Paris, j’ai créé en 2010 une maison-atelier en Picardie où j’habite aujourd’hui. 

FDA : Quel est votre parcours ?

Virginie Hucher : J’ai étudié les arts plastiques à Paris 8 et je suis également diplômée d’arts appliqués. Avec ces deux diplômes en poche, j’ai commencé à travailler avec des décorateurs ou des stylistes sur différents projets, comme la réalisation de décors pour des défilés de mode de haute couture par exemple. Je suis aussi danseuse, depuis mes deux ans, ce qui n’est pas tout à fait un hasard puisque ma mère avait une école de danse en Seine-Saint-Denis. Très tôt, j’ai traîné dans les coulisses, entre le maquillage et les costumes. Cela m’a beaucoup apporté au niveau des formes et des couleurs. C’est aussi à ce moment-là, je pense, que j’ai commencé à développer une sensibilité pour les corps, que l’on retrouve aujourd’hui dans mon travail.

Courtesy of the artist.
Courtesy of the artist.

FDA : Travail ou vocation ? 

Virginie Hucher : Je dirais vocation… et travail ! Car sans travail, avoir une vocation ne sert à rien. Pour moi, la création est un acte naturel, quotidien mais qui nécessite de s’y atteler chaque jour sans exception, de répéter, d’essayer, d’innover, et de continuer, jusqu’à s’améliorer encore et encore. 

FDA : Comment définiriez-vous votre travail ? 

Virginie Hucher : Mon travail est à mi-chemin entre l’abstraction et la figuration. Il est pluriel, en recherche constante, il interroge sur la relation des corps et de l’espace. 

FDA : Quel est votre processus de création ? 

Virginie Hucher : Tout commence par un premier dessin grandeur nature, que je réalise en extérieur. En tant que danseuse, je me sers de mon corps pour mesurer l’impact d’une forme sur un support vivant. Ce peut être sur du sable par exemple. Cela me permet de mesurer les proportions, de percevoir l’harmonie des formes, ce qui est possible ou ce qui ne l’est pas, ce qui fonctionnera ou pas sur une toile. J’ai besoin de me retrouver seule face à un support qui me dépasse, de me sentir petite par rapport à lui, jusqu’à ce que je le maîtrise enfin. Bien sûr, ce premier temps de création est soit filmé, soit photographié, pour garder une trace de mon croquis dans sa version initiale. Ensuite, je retourne à l’atelier, qui me sert de véritable laboratoire. À chaque nouvelle création, je le repeins en blanc, ce qui me permet d’épurer, pour mieux me concentrer sur mon nouveau projet. Puis je recouvre les murs d’images, de photographies de mes voyages en Islande ou en Norvège, de textes, de calques… Ils deviennent des moodboards géants, à la manière d’une véritable scène d’enquête ! Je ressors les vidéos de mon dessin initial, et je le projette en grand dans mon atelier, ce qui me permet de mieux m’approprier les gestes. Puis, je me mets à travailler en peinture.

Courtesy of the artist.
Courtesy of the artist.

FDA : Quelle sont vos inspirations ? 

Virginie Hucher : Je préfère plutôt parler de coup de coeur que d’inspiration, et il y en a beaucoup ! D’un ballet de Pina Bausch, à la visite d’une expo en passant par une randonnée, je capte tout. J’ai par exemple redécouvert récemment le travail de Kiki Smith grâce à la superbe exposition qui lui est consacrée en ce moment même à la Monnaie de Paris.

FDA : Avez-vous le sentiment que le fait d’être une femme à un impact sur votre travail ?

Virginie Hucher : Je pense que chaque personne a en elle une part de féminin et de masculin. C’est quelque chose que je ressens beaucoup chez moi, et j’ai le sentiment d’écouter l’une et l’autre de ces facettes. Cela étant, mon travail n’a rien de très féminin ou de très masculin, et je ne me limite pas à telle ou telle couleur ou forme parce que je suis une femme par exemple. La création est quelque chose de très personnel, c’est une question d’idée avant tout. Et je pense que même si j’étais un homme, j’aurais les mêmes idées. D’un point de vue artistique, il ne doit selon moi pas y avoir de différences entre femme et homme. 

Courtesy of the artist.
Courtesy of the artist.

FDA : Une artiste à nous recommander ? Pourquoi ? 

Virginie Hucher : La liste est longue… Mais s’il y en a une qui me touche particulièrement, c’est Fabienne Verdier, pour son chemin spirituel et sa représentation de l’art. Parce qu’elle cherche et qu’elle trouve ! Sa démarche, sa vie, son oeuvre et la femme qu’elle est. Regarder une oeuvre de Fabienne Verdier, c’est capturer l’énergie de l’artiste.

FDA : Où peut-on vous voir en ce moment ? 

Virginie Hucher : Je suis au Pop-up de Wilo & Grove, au 7 rue Bachaumont dans le second, jusqu’au 23 décembre. Et le reste du temps au Wiloft !

Retrouvez aussi Virginie Hucher sur son site internet et sa page Instagram.

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