Art contemporain africain : 15 femmes qui font bouger les lignes

Du 8 au 14 mars, Femmes d’art consacre une semaine à l’art contemporain africain, et célèbre la création artistique féminine. Pour suivre le programme, rendez-vous sur la page Instagram de Femmes d’art, sur Linkedin et ici !

Comme absolument partout ailleurs, les femmes artistes africaines ont longtemps eu du mal à émerger dans un domaine largement dominé par les hommes. Alors, dans un marché de l’art africain émergent et qui commence à se structurer, les femmes peinent davantage à s’imposer. Heureusement, ces dernières années, à la faveur de nombreuses initiatives individuelles ou collectives, de foires, de galeries, d’expositions, les femmes artistes africaines ont gagné et continuent de gagner en visibilité. Qu’elles soient artistes ou actrices du monde de l’art, voici 15 femmes qui font bouger les lignes de l’art contemporain africain.

CÉCILE FAKHOURY, GALERISTE À ABIDJAN, DAKAR ET PARIS

Cécile Fakhoury est galeriste à Abidjan, Dakar et Paris. La galerie représente des artistes contemporains africains aux parcours et médiums divers sur le continent et à l’international. Elle œuvre également à la mise en lumière des artistes femmes africaines à travers des expositions (récemment “I have this memory, it is not my own” à Abidjan présentait Mariam Abouzid Souali, Jess Atieno, Binta Diaw, Adji Dieye et Rahima Gambo). Jusqu’au 26 mars, le showroom parisien braque aussi les projecteurs sur le travail de l’artiste franco-algérienne Dalila Dalléas Bouzar dans le cadre d’une exposition personnelle “Eden”. 

TOURIA EL GLAOUI, FONDATRICE DE LA FOIRE D’ART CONTEMPORAIN AFRICAIN 1-54

© KatrinaSorrentino

Touria El Glaoui est une entrepreneure franco-marocaine. Après dix années dans le secteur bancaire à New York et Londres, elle lance en 2013 la foire d’art contemporain africain 1-54, à Londres, New York puis Marrakech. En janvier 2021, la foire a posé ses valises pour la toute première fois à Paris, dans les locaux de la maison de ventes aux enchères Christie’s, à défaut de pouvoir maintenir une édition prévue en février à Marrakech.

VICTORIA MANN, FONDATRICE DE LA FOIRE AKAA

© Roberta Valerio

Historienne de l’art de formation, Victoria Mann est une entrepreneure franco-américaine, fondatrice en 2015 de la foire AKAA (Also Known As Africa Art and Design Fair), première foire française d’art contemporain et de design à être axée sur l’Afrique. Victoria Mann a étudié entre les Etats-Unis et la France. A la fin de ses études, elle travaille avec la galerie Pace à Londres pendant un an, le temps de voir émerger l’idée d’AKAA. 

ODILE BURLURAUX, CONSERVATRICE AU MUSÉE D’ART MODERNE DE PARIS

© Elsa Blanchard

Odile Burluraux est conservatrice au Musée d’art Moderne de Paris, commissaire d’expositions majeures ces dernières années (Keith Haring, Hans Hartung..). En 2021, elle signe aux côtés de Suzana Sousa, commissaire indépendante, l’exposition « The Power of My Hands » qui réunit un ensemble d’œuvres réalisées par 16 artistes femmes artistes issues des quatre coins de l’Afrique, de pays anglophones ou lusophones. Une première, qui aurait dû ouvrir l’année et qui s’inscrit dans le cadre de la Saison Africa2020

N’GONÉ FALL, COMMISSAIRE GÉNÉRALE DE LA SAISON AFRICA2020

© Thibaut Chapotot

Commissaire d’exposition, essayiste, ou encore consultante en ingénierie culturelle, N’Goné Fall ne cesse de multiplier les casquettes tout en s’imposant comme une figure majeure dans le domaine de l’art contemporain d’Afrique. En 2005, elle co-fonde le collectif GawLab dédié à la production d’art numérique et basé à Dakar. Depuis 2018, elle est la commissaire générale de la Saison Africa2020 avec un leitmotiv : regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain.

ZANELE MUHOLI, ARTISTE ET ACTIVISTE VISUELLE

Courtesy of the Artist and Stevenson, Cape Town/Johannesburg and Yancey Richardson, New York © Zanele Muholi

Photographe sud-africaine, Zanele Muholi se définit comme une activiste visuelle. Portée par la volonté de donner une visibilité à la communauté LGBTI d’Afrique du Sud, elle intègre son engagement dans sa démarche photographique à travers la série Faces and Phases, mettant en lumière les femmes noires lesbiennes, et Somnyama Ngonyama qui déconstruit les stéréotypes autour du corps féminin africain. À l’occasion d’Africa2020, la Maison européenne de la photographie lui consacre une rétrospective (dont les dates dépendent pour l’heure de la situation sanitaire liée au Covid-19). 

DELPHINE DIALLO, PHOTOGRAPHE

© Delphine Diallo

Artiste visuelle et photographe franco-sénégalaise, Delphine Diallo consacre sa pratique artistique à corriger le manque de représentation de la femme noire dans la société occidentale, transformant une conception patriarcale d’une figure opprimée en une narration réinventée, désinhibée et intense de la femme noire et de sa beauté. En 2020, elle présente son premier solo show en France à Arles puis est mise à l’honneur lors de la 3ème édition de Elles x Paris Photo.

MARILYN DOUALA MANGA BELL, FONDATRICE DU PREMIER CENTRE D’ART D’AFRIQUE

© Linda Dreisen

Économiste de formation, Marilyn Douala Bell co-fonde en 1991 le tout premier centre d’art du continent africain au Cameroun, avec son mari historien de l’art Didier Schaub. Depuis, Doual’art aspire à soutenir la création et l’expérimentation artistique en Afrique et se pense comme un moyen de développement social. En 2007, Marilyn Douala Bell organise la première édition de la triennale SUD (Salon Urbain de Douala) à travers laquelle elle promeut une exploration des pratiques urbaines et nourrit la ville d’œuvres d’art.  

NJIDEKA AKUNYILI CROSBY, ARTISTE PLASTICIENNE

Prix Canson 2016 et MacArthur 2017, la plasticienne nigériane Njideka Akunyili Crosby multiplie les distinctions. En superposant et combinant les matières artistiques, elle crée un univers hybride qui mêle influences culturelles, langage visuel et intimité, illustrant ainsi l’identité transculturelle contemporaine. Elle a présenté ses œuvres dans des musées internationaux de renom, expose prochainement au musée d’Art Moderne de Paris pour “The Power of My Hands”,  et s’impose sur le marché de l’art en détenant la 3ème place des enchères des artistes d’origine africaine sur les quatre dernières années. 

ENAM GBEWONYO, ARTISTE PERFORMEUSE ET PLASTICIENNE

© Jennifer Moyes Photography, courtesy of Enam Gbewonyo’s former agents MTArt Agency

Performeuse et plasticienne ghanéenne, Enam Gbewonyo utilise sa création artistique pour combattre les dominations de race et de genre. Munie de bas nylon couleur chair – longtemps restés les seuls existants sur le marché, elle déploie son art autour de questions d’identité, de féminité et d’humanité. Fondatrice du Black British Female Artist Collective qui accompagne les artistes africaines émergentes, elle expose dans le cadre de « Memoria : récits d’une autre Histoire » à la Frac Nouvelle-Aquitaine lors d’Africa2020 du 10 avril au 22 août.

WURA-NATASHA OGUNJI, ARTISTE ET FONDATRICE DE L’ESPACE D’ART TREEHOUSE

© Andrew Esiebo

Plasticienne et performeuse américano-nigériane, Wura-Natasha Ogunji est la fondatrice de Treehouse, un espace d’art alternatif et expérimental à Lagos qui a la volonté d’enrichir le regard de celui qui le visite. Diplômée en anthropologie et en photographie, sa pratique de la vidéo, du dessin et de la performance se nourrit de sa double culture et de ses expériences de vie. Dans le cadre d’Africa2020, elle participe à l’exposition “The Power of My Hands” au musée d’Art moderne de Paris. 

TOYIN OJIH ODUTOLA, ARTISTE PLASTICIENNE

Toyin Ojih Odutola se nourrit de ses expériences personnelles en tant que femme noire au sein de la société américaine pour réinventer la représentation de la figure afro-américaine. Artiste engagée et lauréate du prix Jean-François Prat 2020, elle consacre son art à des sujets de race et d’identité et interroge la construction sociopolitique de la couleur de peau. Elle a fait l’objet de plusieurs expositions monographiques dans des lieux culturels notoires à l’image du Barbican Centre qui lui a consacré sa 1ère exposition au Royaume-Uni.

OULIMATA GUEYE, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION « UFA – UNIVERSITÉ DES FUTURS AFRICAINS » AU LIEU UNIQUE À NANTES

Critique et curatrice passionnée par l’afro-futurisme, Oulimata Gueye s’intéresse à l’usage des nouvelles technologies en Afrique et interroge les questions de racialisation et de genre qui y sont liées. Après avoir coordonné des projets pour le ZKM Karlsruhe, le Batofar – devenu Bateau Phare – ou encore le Centre Pompidou, elle endosse aujourd’hui le rôle de commissaire d’exposition pour « UFA – Université des futurs africains », au lieu unique à Nantes, qui envisage la science-fiction comme moyen de se libérer du modèle dominant. 

BILLIE ZANGEWA, ARTISTE PLASTICIENNE

© Andrew Berry

Billie Zangewa est une artiste malawite qui utilise la technique du dessin sur soie brodée pour explorer l’identité féminine et réinventer la tradition du travail de la soie. A travers la mise en scène de son propre corps dans des moments du quotidien, elle nourrit une réflexion sur les préjugés raciaux et les stéréotypes de genre, narrant alors un récit personnel qui se veut universel. Représentée en France par la galerie Templon qui lui a consacré une monographie en 2020, elle participe cette année à l’exposition “The Power of My Hands” au MAM de Paris.

JULIE MEHRETU, ARTISTE PEINTRE

© Anastasia Muna courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery

Peintre, graveuse et plasticienne éthiopienne et américaine, Julie Mehretu s’est imposée sur la scène artistique contemporaine depuis la fin du 20ème siècle. Entre abstraction et figuration, son art monumental adopte des esthétiques futuristes et s’apparente à d’immenses tourbillons de formes et de couleurs. Représentée par la galerie Marian Goodman et lauréate du prix Berlin et MacArthur dans les années 2000, ses œuvres font partie des plus chères parmi les artistes américains. 

Ludivine Losfelt et Marie-Stéphanie Servos

Une réflexion au sujet de « Art contemporain africain : 15 femmes qui font bouger les lignes »

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